Uncategorized

Jazz à Porquerolles pleure Frank Cassenti son créateur

Var matin du 23/12/23
Le réalisateur, metteur en scène et jazzman à l’origine du festival porquerollais Frank Cassenti vient de nous quitter à 78 ans.
Il avait consacré sa vie à défendre l’accès à la culture pour tous
Frank Cassenti nous a quittés à 78 ans, et laisse le festival Jazz à Porquerolles orphelin de son créateur. (Photo Camille Dodet)

C’est une figure de la culture sous toutes ses formes qui vient de nous quitter. Frank Cassenti, réalisateur, documentariste pour le cinéma et la télévision, metteur en scène de théâtre, guitariste et fondateur du festival Jazz à Porquerolles est décédé dans la nuit de vendredi à hier à l’âge de 78 ans à La Ciotat où il vivait.

Le monde de la culture pleure l’un de ses plus fidèles serviteurs, qui n’a eu de cesse, durant toute son existence, de se battre pour l’ouvrir au plus grand nombre.

Né en 1945 à Rabat au Maroc, il arrive en France à 16 ans. C’est à Lille, où il étudie le cinéma, qu’il peut s’adonner à ses passions: le cinéma donc et la musique, qu’il va même entremêler à l’occasion de différents reportages ou documentaires sur la musique et les grandes figures du jazz.

Parmi ses films notables, on pourra citer Salut, voleurs! (1973), L’Affiche rouge (1976), pour lequel il remporte le prix Jean Vigo, ou encore La Chanson de Roland (1978) et Le goût des fraises (1998).

Multiples casquettes

Très impliqué et engagé pour l’accès à la culture pour tous, il a été de la création du collectif « La culture, ça urge », à La Ciotat en 2020, qui se bat pour défendre tous les lieux culturels. Un côté militant et déterminé qu’il a toujours porté dans ses gènes et qu’il n’a eu de cesse de retranscrire à travers ses films et documentaires.

« Frank Cassenti nous a quittés, nous laissant ses films, ses textes, ses musiques… et une grande tristesse. Il a été l’un des initiateurs de notre collectif, La Culture ça urge et n’a eu de cesse, depuis, de mettre son talent, son humanisme, au service de toutes les actions que nous avons imaginées et menées ensemble, a rappelé le collectif en guise d’hommage. Il aimait à citer Stéphane Hessel pour nous rappeler que « créer c’est résister ». Antifasciste et pacifiste, il était toujours prêt à se mobiliser pour faire reculer les idées nauséabondes. Frank est parti avant la dernière séance du Lumière, qu’il ne voulait pas voir s’éteindre… »

Homme aux multiples casquettes, Frank Cassenti était également un authentique jazzman, comme il l’a prouvé en tant que directeur artistique du festival Jazz à Porquerolles ou guitare en main lorsqu’il décidait de jouer les standards qu’il connaissait sur le bout des doigts…

Inhumation jeudi

En 2020, il réalisait Changer le monde, qui raconte l’histoire des 20 ans du festival de Porquerolles, son bébé. Un joli clin d’œil pour cet événement fondé avec Archie Shepp et Aldo Romano en 2002 et qui n’a eu de cesse, depuis, de prendre de l’ampleur et d’attirer les plus grands noms du jazz sur la scène de la perle des îles d’or. Un rendez-vous où le jazz n’est pas uniquement abordé sous l’angle du spectacle mais relève d’un art de vivre.

« Frank Cassenti était quelqu’un qui, avec une très grande simplicité et du talent, a fait connaître le jazz à Hyères, a souligné le maire de la ville Jean-Pierre Giran. Jazz à Porquerolles est devenu un grand classique et les amateurs de jazz et les autres éprouvent de la peine devant une telle disparition. Je suis sûr que quelques notes vont résonner à Porquerolles dans les nuits qui viennent… »

« Il était une figure exemplaire de la culture, du cinéma et de la musique, auprès de qui j’aurai vécu une aventure aussi passionnante qu’improbable, complète François Carassan, adjoint à la culture. La culture, qui était au cœur de sa vie, représentait l’essentiel: ce qui donne un sens à l’existence et porte le désir de « changer la vie ».

Frank Cassenti sera inhumé au cimetière de Sainte Croix à La Ciotat jeudi 28 décembre à 14h30.

C. L.