Frank CASSENTI, documentariste de jazz (1945/2023).
Publié sur le bog Les dernières nouvelles du jazz
Le monde du jazz pleure un documentariste d’exception avec la disparition le 21 décembre de Frank CASSENTI à La Ciotat (Bouches du Rhône).
Réalisateur né au Maroc, Frank Cassenti obtient son premier succès avec l’AFFICHE ROUGE, prix Jean Vigo 1976, dédiée aux résistants de la région parisienne fusillés par les occupants allemands le 21 février 1944 au Mont Valérien. L’un de ses chefs, Missak Manouchian, né en Arménie, fera d’ailleurs l’objet d’un hommage national en février 2024 avec le transfert de ses cendres au Panthéon, décision du président Emmanuel Macron.
Mais c’est avec le jazz que Frank Cassenti gagne une renommée internationale, bien au-delà de la sphère des jazzophiles. En 1982, il tourne dans des conditions spartiates un documentaire sur Michel Petrucciani. De courte durée (36 minutes), le film présente le jeune pianiste de 20 ans en studio à Paris et à Roissy où accompagné par sa mère, Anna, et son producteur Jean-Jacques Pussiau, il va s’envoler, en solo, pour la Californie. Projetée au festival de Cannes en mai 1983, « Lettre à Michel Petrucciani » sera diffusée la même année par TF1 (c’était avant la privatisation de la chaîne).
Dès lors, Frank Cassenti va réaliser des documentaires sur des légendes (Billie Holiday, Sun Ra…) et filmer en direct quelques figures notables du jazz, Wynton Marsalis, Henri Texier, Richard Galliano et Archie Shepp auquel il consacra deux documentaires ( Je suis jazz… c’est ma vie, 1984, et Changer le monde, 2020). Avec le saxophoniste, héraut du free jazz, Frank Cassenti collaborera également au sein du festival de jazz de Porquerolles (Var) qu’il crée en 2002 et dont les deux parrains sont Archie Shepp et Aldo Romano. Amitié toujours car Aldo Romano fut avec Jean-Jacques Pussiau à l’origine de la carrière de Michel Petrucciani.
« Ma façon de filmer repose sur l’improvisation« , confiait Frank Cassenti (cité dans ‘Michel Petrucciani, le pianiste pressé’. Franck Médioni. Editions l’Archipel. A paraitre le 4 janvier 2024.) « Je filme avant tout avec le cœur. Le jazz m’a appris cette façon d’être : mettre le hasard en état de grâce et laisser transparaître l’invisible« .
Jean Louis Lemarchand.
©photo X. (D.R.)